Mon rêve à moi, c’était ce Palais de Cristal, pur, diamantin, rayonnant et magnifique, inaccessible aux simples mortels, dont l’entrée était gardée par le sphinx.
C’était ma hantise, ce merveilleux palais de contes de fées. Je l’avais vu briller parmi les nuages, ou resplendir au fond de l’océan, baigné par des eaux d’émeraude, entouré par des récifs de corail et d’étoiles de mer… mon Palais à moi, le Palais de mes rêves.
Je rêvais d’y entrer un jour avec mon élu, le chevalier sans peur et sans reproche, je lui en parlais d’une voix exaltée. Une lueur chimérique brillait dans mon regard comme si j’avais réellement vu ce château se dresser fièrement devant mes yeux assoiffés d’idéal. Et lui, la tête un peu penchée, m’écoutait, plongé dans ses pensées. Massif, se tenant devant moi dans le grand fauteuil, il se laissait bercé par ma voix musicale. Un sourire un peu absent flottait sur ses lèvres.
J’étais intriguée, je voulais surprendre en lui un geste, un éclair dans les yeux, un mouvement d’étonnement, de surprise ou même un hochement de tête en signe de négation.
“Que pense-t-il de moi?” me demandai-je, comme soudainement réveillée d’un rêve merveilleux. Je lui avais donné un coup de fil, l’invitant à venir chez moi.
Avant d’entrer dans la cour, il s’était arrêté devant la porte, admirant ma tête, visible par la fenêtre de la salle de bains. Il m’avait longuement regardée, comme en extase, imprimant ma figure dans sa mémoire. Il me disait souvent que je ressemblais à un portrait de Rubens, ce qui m’amusait terriblement.
J’entendis ses pas monter lourdement les marches de l’escalier en colimaçon. Je lui ouvris la porte, l’invitant à s’asseoir dans le grand fauteuil. Et nous commençâmes l’une de nos discussions habituelles, sur la littérature, la musique, l’art en général.
Tout à coup il m’adressa une question qui me surprit beaucoup: “Pourquoi ne vous-mettez-vous pas à écrire?
Vous avez une sensibilité à part, une riche imagination, une vaste culture.”
Et je me mis à divaguer sur mon Palais de Cristal.
A suivre …