Illo tempore

„ILLO TEMPORE”

Collection Franche Lippée, Editions Clapas, octobre 2009.

 

Un phoenix ressuscité par des mots

Il y a quelque temps, j’ai eu l’honneur de faire la connaissance de Virginia Popescu, traductrice en langue française, par l’intermédiaire d’un site de poésie très connu en Roumanie. Chacun de nous a lu les poésies de l’autre et a constaté que l’autre est toujours plus près des étoiles. Et je ne me suis pas trompé car le choix de poésies du présent volume prouve, d’une part une culture solide, acquise par l’auteur au long de quelques décennies et « un paradigme » délibéré comme une nette différence du courant en vogue dans la littérature roumaine ou étrangère, ce postmodernisme coiffé et repris à tour de rôle, ressemblant à un plateau de tourne-disque, à l’aiguille pleine de poussière, de la génération des quatre-vingts jusqu’au « fracturisme, minimalisme ou déprimisme – courants d’aujourd’hui » – rend un son intimiste, une poésie orale du fait divers y compris celui du langage qui moud des vides de sens ; voici certes, une généralisation, mais nous voulons juste mettre en évidence la poésie proposée par l’auteur à une élite de lecteurs, en tant que réplique à cet illo tempore d’une structure de type nouveau romantique. Les vers abondent en symboles très connus, classiques, car tout l’édifice bâti par la poétesse dépend du moule des poèmes classiques dans le parfum desquels cette araignée, nourrie des mêmes idéaux de beauté antique tisse sa toile. Mais le thème majeur c’est l’amour, menacé toujours par l’extinction, un amour de sophia, au sens grec du terme, puis la nature, comme une corolle de merveilles divines jusqu’au système philosophique et périssable appelé Homme – on peut facilement conclure que les thèmes sont cultivés et qu’on ne se trouve pas devant un phénomène nouveau ; mais comme ces thèmes et motifs sont repris pour être complétés et nuancés en une variante personnelle (voire l’attention et leur reprise « en bonne tradition » du postmodernisme, courant qui mêle les créations précédentes aux nouvelles aspirations vers une continuité d’avantgarde), on découvre une poésie « à l’indigo » trompeuse, parce que la poétesse souligne les différences opérées par des teintes douces, avec la résignation de voir certaines choses « périmées » pour les autres et qui ont été savourées à leur haute valeur. Celui qui a lu « Les derniers sonnets imaginaires de Shakespeare » de Vasile Voiculescu ne craint pas la lecture des « Derniers sonnets imaginaires de Baudelaire » de Virginia Popescu, et ce d’autant plus que l’auteur utilise pour ses variantes la langue même de celui qui a écrit « Les fleurs du mal » . Et nous tenons à préciser le fait que Baudelaire est considéré comme le premier poète moderne, assoiffé d’idéal et d’absolu, soif appartenant d’ailleurs aux grands romantiques contre lesquels s’est dressée, telle une réaction, sa poésie.Plus précisément, par une irradiation de sens et par un sentiment plénier d’émulationavec la poésie du grand poète français, Virginia Popescu construit en vers libres ou en forme fixe du sonnet, l’expression d’un esprit candide et désireux de rehausser les titans de la littérature universelle par cette « célébration », une fuite romantique dans le Temps, dans une contrée de cape et d’épée, du haut de forme bourré de billets doux pour les courtisanes de Versailles .

Liviu Ofileanu

 

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